Paris, le 31 mars 2023
COMMUNIQUÉ CONJOINT
LES AMBASSADES DE BOLIVIE, COLOMBIE, ÉQUATEUR, GUATEMALA, MEXIQUE, PANAMA ET PÉROU EN FRANCE REJETTENT LA PROCHAINE VENTE AUX ENCHÈRES DE BIENS CULTURELS PRÉCOLOMBIENS À PARIS
Nous, les Ambassades de Bolivie, Colombie, Équateur, Guatemala, Mexique, Panama et Pérou en France rejetons dans les termes les plus énergiques la tenue de la vente Les Empires de la lumière (IV). Collections privées européennes d’art précolombien, organisée par la société Million et Associés le 3 avril prochain. Nous contestons avec la plus grande fermeté la vente de ces objets et lançons un appel public à arrêter ces transactions.
Encore une fois, nous déplorons le maintien de pratiques liées au commerce illicite de biens culturels, qui portent atteinte au patrimoine, à l’histoire et à l’identité de nos peuples, et nous réaffirmons que les ventes aux enchères :
- encouragent le trafic illicite et le blanchiment de biens par la délinquance organisée transnationale ;
- portent atteinte à l’archéologie moderne en favorisant les fouilles illégales visant à extraire des objets et à empêcher que ces derniers fassent l’objet de recherches, entravant ainsi la connaissance liée aux groupes humains du passé ;
- privent les pièces volées de leur essence culturelle, historique et symbolique en en faisant de simples objets de décoration pour les particuliers ;
- portent préjudice à la coopération entre États dans les domaines de la protection et de la conservation du patrimoine culturel ;
- sapent l’intégrité des cultures et par conséquent celle de l’ensemble de l’Humanité ;
- favorisent le marché de la contrefaçon.
Nous sommes engagées à l’égard d’une diplomatie active en défense de nos patrimoines par la voie juridique, dans le domaine bilatéral avec le gouvernement français et à l’échelle multilatérale notamment via l’UNESCO. S’agissant de la France, le cadre juridique régissant les ventes y compris aux enchères de biens culturels établit que la restitution des pièces relève de la volonté du détenteur privé, ce qui restreint sensiblement notre cadre d’action. Nous réaffirmons toutefois notre disposition à collaborer en faveur de mesures concrètes visant la protection de nos patrimoines culturels préhispanique et colonial, ainsi que la lutte contre leur trafic illicite.
Nous sommes toujours déterminées à promouvoir des actions pour arrêter la commercialisation des biens appartenant à nos États respectifs et à mettre en œuvre des actions de sensibilisation pour que leur appartenance au patrimoine historique de l’Humanité soit reconnue.
Nous invitons tout détenteur de biens culturels de nos pays à les restituer à leur lieu d’origine pour qu’ils soient étudiés dans le contexte qui est le leur en tant qu’éléments de la mémoire vivante des peuples latinoaméricains.