L’Ambassade du Mexique en France exprime sa préoccupation à l’égard des prochaines ventes aux enchères de biens préhispaniques mexicains à Paris
Communiqué n°2
Paris, le 28 octobre 2021
- Une note verbale a été adressée au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères exprimant la grande préoccupation de l’Ambassade à l’égard du commerce des biens appartenant à notre patrimoine national.
- Des lettres de protestation ont été envoyées à la Présidente de Christie’s Paris et au Président exécutif d’Artcurial demandant l’annulation des ventes.
L’Ambassade exprime sa profonde préoccupation pour les prochaines ventes aux enchères “Archéologie, Arts D’Orient & Art Précolombien” organisée par Artcurial et “Pre-Columbian Art & Taino Masterworks from the Fiore Arts Collection” mise en place par Christie’s, qui mettront en vente des biens préhispaniques mexicains les 2 et 10 novembre prochains respectivement.
Pour protester contre la vente de biens qui font partie du patrimoine culturel des Mexicains, l’Ambassade a adressé une note verbale au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de France le 22 octobre dernier exprimant sa vive préoccupation face au commerce de biens de notre patrimoine national à l’occasion de ces ventes. Il a été souligné que la commercialisation de pièces archéologiques encourage la délinquance transnationale et crée les conditions favorables à la recrudescence du pillage de biens culturels par le biais de fouilles illicites ; et que loin de favoriser une meilleure connaissance et une meilleure valorisation des cultures originaires, la commercialisation prive ces objets inestimables de leur essence culturelle, historique et symbolique pour en faire des marchandises ou des curiosités en les éloignant de leur environnement anthropologique d’origine.
Dans les courriers précités l’Ambassade a fait référence à la Déclaration d’intention visant le renforcement de la coopération contre le trafic illicite des biens culturels souscrite par les gouvernements mexicain et français le 1er juillet 2021 à Paris. Cet instrument découle des rencontres bilatérales de haut niveau tenues en 2020 visant à identifier des domaines concrets de coopération entre les institutions impliquées dans la protection des biens culturels des deux pays.
Si le cadre juridique qui régit la vente y compris aux enchères des biens culturels en France diffère de la législation nationale mexicaine, l’Ambassade du Mexique en France a demandé au Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères d’exhorter les autorités françaises compétentes à vérifier que les opérateurs des ventes y compris aux enchères remplissent l’ensemble des obligations légales nationales et internationales en vigueur en France.
Des lettres de protestation ont été également adressées à la Présidente de Christie’s Paris et au Président exécutif d’Artcurial demandant l’annulation des ventes.
Au nombre des actions coordonnées et transversales du gouvernement fédéral mexicain visant la protection de notre patrimoine culturel, la Délégation permanente du Mexique auprès de l’UNESCO a pour sa part demandé au Secrétariat de la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels de l’UNESCO d’effectuer les démarches pour éviter la commercialisation des biens culturels qui font partie du patrimoine mexicain en transmettant l’expertise réalisée par l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH), qui confirme le nombre de pièces appartenant au patrimoine mexicain et leur origine. Le texte relève l’interdiction de l’exportation de biens culturels par la législation mexicaine et rappelle le mandat de la Convention de 1970.
Par ailleurs, la Ministre mexicaine de la Culture, Alejandra Frausto, a adressé une lettre énergique de protestation à Christie’s.
La vente de biens préhispaniques mexicains est un délit car ils sont la propriété inaliénable et imprescriptible de l’État. Dès qu’il a connaissance d’une vente de biens archéologiques du patrimoine du Mexique à l’étranger, l’Institut national d’archéologie et d’histoire (INAH) dépose la plainte pénale correspondante. En application de la Convention bilatérale d’entraide judiciaire avec la France, le Bureau du Procureur général de la République présente par l’intermédiaire de l’Ambassade une demande d’entraide judiciaire à son interlocuteur français, le Ministère de la Justice.
La défense du patrimoine culturel du Mexique est celle de l’héritage culturel reçu par nos ancêtres, élément clé de notre identité nationale face à des actes délictueux de soustraction dans un but lucratif et de blanchiment de biens issus d’actes illicites.