Ambassade du Mexique en France

Communiqué de presse

Communiqué n°005

Paris, le 17 septembre 2019

 

 Le Mexique déplore la commercialisation de pièces archéologiques préhispaniques en France

Le gouvernement du Mexique déplore la vente aux enchères de plus de 120 pièces d’art précolombien organisée par la Société de Ventes Publiques Millon à l’Hôtel Drouot, à Paris, le mercredi 18 septembre 2019.

Les autorités mexicaines de l’Institut national d’anthropologie et histoire (INAH) ont conclu, sur la base d’une expertise pratiquée sur les pièces annoncées à la vente, que 95 d’entre-elles proviennent du patrimoine culturel du Mexique, en particulier de Teotihuacán, du Guerrero et de Oaxaca, ainsi que du Sud-Est du Mexique, région des cultures olmèque et maya. Il est à noter également qu’un certain nombre des pièces qui figurent dans le catalogue pourraient s’avérer être des contrefaçons de fabrication récente. Par ailleurs, l’Ambassade de Colombie a informé que leurs autorités compétentes ont noté avec préoccupation, lors de l’expertise qu’elles ont réalisée, la présence de pièces qui pourraient faire partie du patrimoine colombien.

La commercialisation de pièces archéologiques, telle que la mise aux enchères qui aura lieu demain, est malheureusement fréquente en France et ailleurs en Europe. Cependant, ce type de commerce :

  • Encourage le pillage, le trafic illicite et la contrefaçon, pratiqués par la délinquance transnationale organisée;
  • Prive ces pièces archéologiques de leur essence culturelle, historique et symbolique, pour les réduire à de simples articles décoratifs;
  • Porte atteinte à la coopération entre les États pour la protection du patrimoine culturel;
  • Porte atteinte à l’intégrité des cultures et, par conséquent, à l’Humanité dans son ensemble.

 Par conséquent, le Gouvernement mexicain demande que la Société Millon annule la vente du 18 septembre, comme un premier pas vers la restitution des biens culturels authentiques au Mexique.

 Conformément à la Loi fédérale sur les monuments et les zones archéologiques, artistiques et historiques du Mexique, ces biens culturels sont inaliénables et jouissent d’une imprescriptibilité absolue. L’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH) a dès lors porté plainte contre les possesseurs de ces pièces afin d’obtenir leur restitution. Pour ce faire, le Procureur de la République du Mexique (FGR) a fait parvenir une demande d’entraide pénale au Ministère français de la Justice, dans le cadre de la Convention d’entraide judiciaire en matière pénale en vigueur entre nos deux pays.

Par ailleurs, la France et le Mexique étant des États Parties à la Convention de l’UNESCO concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels de 1970, le Mexique a alerté la Division du patrimoine de l’UNESCO, afin qu’elle saisisse le Conseil des Ventes volontaires de meubles aux enchères publiques, ainsi que la société Millon, dans le but de vérifier la provenance de ces pièces.

Le Mexique appelle les autorités françaises à coopérer afin d’appliquer effectivement les dispositions de la Convention de l’UNESCO et contribuer ainsi à la protection du patrimoine culturel mondial.

Le Mexique tient, en outre, à exprimer l’espoir que la France signe et ratifie la Convention du Conseil de l’Europe sur les infractions visant les biens culturels, adoptée à Nicosie en 2017, dont le Mexique est déjà État partie, avec la volonté de trouver de nouvelles formes de coopération internationale pour prévenir et sanctionner les infractions visées dans ce traité international et lutter ainsi contre le trafic illicite de biens culturels en vue de protéger le patrimoine de la nation.

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