Discours de Monsieur l’Ambassadeur Juan Manuel Gómez-Robledo

 

à l’occasion de la célébration

du 208e anniversaire de l’Indépendance du Mexique

 

Ambassade du Mexique en France

 

Jeudi 13 septembre 2018

 

 

Monsieur le Secrétaire général du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères,

Monseigneur le Nonce apostolique, doyen du corps diplomatique,

Mesdames les Ambassadrices, Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Chers amis,

Y, por supuesto, muy queridos miembros de la comunidad mexicana en Francia:  

 

Votre présence ce soir atteste de la profonde amitié que nous avons su tisser au fil des années avec la France.

 

Il s’agit, bien entendu, d’une vieille amitié: j’en veux pour preuve la commémoration en 2019 du 180ème anniversaire de la signature du premier traité de paix et d’amitié perpétuelle entre le Mexique et la France.

 

Je n´oserais pas, en ces quelques mots, une synthèse de toutes nos réalisations communes. Cela serait trop long et sans doute très ennuyeux.

 

Qu´il me suffise de dire qu´en cette occasion nous fêtons, au-delà de la naissance de l´Etat mexicain, la solidité et la vigueur de nos institutions démocratiques et les valeurs qui en sont le support et la raison d´être. Ce rappel n´est pas sans intérêt, alors que le monde se trouve confronté à une remise en question et une érosion certaine des valeurs que nous avons défendues depuis 1945.     

 

En effet, le Mexique se prépare à l’arrivée au pouvoir d’un nouveau Président de la République qui, issu d´élections historiques à plusieurs égards, prendra ses fonctions le 1er décembre prochain.

 

Lors des élections tenues en juillet, les Mexicains ont attribué plus de 3 400 postes électifs, tant au niveau fédéral que local. La rigueur du travail des institutions chargées de ce scrutin, à savoir, l’Institut national électoral, le Tribunal électoral du pouvoir judiciaire fédéral et le Procureur chargé des infractions électorales a permis d´annoncer le soir même les résultats, qui ont été immédiatement acceptés par tous les acteurs politiques et par l’ensemble de la société mexicaine.

 

Le peuple mexicain a exprimé en juillet un désir de changement profond, à l’instar de ce qu’ont fait les Français lors des élections présidentielles de 2017. Les électeurs se sont mobilisés massivement pour faire entendre leur voix. Ainsi, Monsieur Andrés Manuel López Obrador, le candidat d’une alliance de partis politiques de gauche, a été élu avec 53% des suffrages, un exploit dans un pays où la présidence se joue à un seul tour. 

 

Le renouvellement du Congrès fédéral a également constitué une avancée démocratique historique. À la Chambre des députés et au Sénat, la proportion de femmes a atteint 48% et 49% respectivement. Par ailleurs, 13 sièges à la Chambre des députés ont été attribués aux candidats des peuples autochtones. De ce fait, le Congrès, qui a commencé ses travaux le 1er septembre, rend plus fidèlement compte du pluralisme de la société mexicaine. 

 

Le gouvernement du futur Président mexicain jouira ainsi d´une forte assise et d´un mandat clair, afin de faire face aux nombreux défis en matière de justice sociale, de sécurité et de lutte contre la corruption. 

 

Certes, le nouveau gouvernement devra faire face à un contexte international complexe. Nous vivons une période caractérisée par la montée de l’unilatéralisme et du protectionnisme, ainsi que par la remise en cause du système de gouvernance mondiale, auquel nous avons tant contribué et continuerons de le faire. Il n´est pas une page, une ligne même, de la riche histoire des Nations-Unies dans laquelle on ne trouve pas une contribution importante du Mexique, qui a permis la création, patiente et laborieuse, du plus vaste système de coopération internationale dans tous les domaines qui touchent à la vie de l´Homme et son milieu.      

 

Cependant, il est rassurant de savoir que nous pouvons aujourd’hui compter la France parmi nos alliés pour relever les défis de notre temps. Et je dis bien « alliés », puisque le Ministre mexicain des Affaires étrangères, Monsieur Luis Videgaray, et le Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Monsieur Jean-Yves Le Drian, ont convenu à Paris en avril dernier que les relations franco-mexicaines devaient passer du stade de partenariat stratégique à celui d´une véritable alliance avec tout ce que cela comporte.  

 

Ce nouveau statut donne la mesure exacte des réalisations cumulées pendant les dernières années, ainsi que de nos engagements face à l’avenir. 

 

Nous sommes donc aujourd’hui impliqués, avec la France, dans de nombreuses initiatives qui cherchent à renforcer la gouvernance mondiale dans des domaines clés, telles que le Pacte mondial pour une migration sûre, régulière et ordonnée ou le Pacte mondial pour l’environnement.

 

Nous avons également engagé des échanges très prometteurs visant la coopération en matière d’intelligence artificielle. Le Mexique a récemment exprimé, par exemple, sa volonté de rejoindre l’initiative franco-canadienne à ce sujet.

 

Cette liste est loin d’être exhaustive. Elle donne toutefois une idée des nombreux  chantiers qui nous rassemblent et de la portée de nos ambitions pour le développement de nos relations.

 

Il convient également de souligner qu’en ce qui concerne nos relations bilatérales avec la France, le prochain gouvernement mexicain comptera une base solide bâtie par le Président Enrique Peña Nieto.

 

Sous son mandat, nous avons signé une centaine d’accords dans de nombreux domaines. En 2013, nous avons mis en place le Conseil stratégique franco-mexicain, véritable vivier de projets qui regroupe des chefs d´entreprises, des acteurs gouvernementaux et de la société civile provenant de tous les horizons.

 

Grâce à l’excellent état de notre coopération, aujourd'hui 550 entreprises françaises ont des investissements directs au Mexique et notre pays est le 2ème partenaire commercial de la France en Amérique latine.  

 

De même, en 2017, le Mexique a accueilli 220 100 touristes français. Les données pour les sept premiers mois de 2018 révèlent une croissance de 7,4%, ce qui nous permet d’estimer que le marché français sera l’un des plus dynamiques pour le secteur du tourisme au Mexique cette année.  

 

Dans le domaine de l’éducation, nous comptons 700 accords de coopération et 50 programmes de double diplôme entre universités mexicaines et françaises. Dès lors, la France se classe au premier rang des destinations privilégiées par les étudiants mexicains suivant un programme d’enseignement supérieur à l’étranger.

 

Cette coopération renforcée ne peut que rappeler la pertinence de la pensée  d´Octavio Paz, qui soutenait que « Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l'inverse, c'est de l'isolement que meurent les civilisations.”   Il est essentiel de défendre ce principe face aux nationalismes et à la politique de haine que nous voyons se déployer autour de nous.   

 

 

Chers amis,

 

Le Mexique et la France sauront renouveler dans les mois à venir leurs efforts pour promouvoir la fraternité, principe fondamental de la République, récemment rappelé dans une décision du Conseil Constitutionnel, en faveur d’un système international plus solidaire, pacifique et libre, parce que « C'est par la fraternité qu'on sauve la liberté » , comme nous le disait Victor Hugo.

 

 Je suis certain que les années à venir nous réservent de grandes satisfactions à tous ceux qui œuvrons pour que le Mexique et la France poursuivent leur marche, vers un avenir plus prospère, plus juste et plus sûr, où l´être humain et son épanouissement soient le centre de notre action.

 

Je vous remercie de votre attention.

 

¡Viva México ! Vive la France !